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Brin D’histoire – Le roi Pelé à Brazzaville

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Pelé, Edson Arantes do Nascimento de son vrai nom, est une véritable légende vivante. C’était vrai hier, ça l’est encore aujourd’hui. Pour caricaturer, ou pour donner une idée de son talent, on peut aujourd’hui, toute chose étant égale par ailleurs, penser à Lionel Messi pour risquer une comparaison. Un phénomène.

À l’époque, « voir Pelé et mourir » est le vœu des amateurs de football, sport roi, dont Pelé est le roi indétrônable. Ce vœu du public congolais est exaucé en cette journée du 7 juin 1967 à l’occasion d’une rencontre amicale entre le Santos FC et la sélection nationale congolaise, Congo-Sport. Une rencontre improvisée. Ce match s’est joué un mercredi pour la simple raison que l’étape de Brazzaville n’était pas prévue dans le programme de la tournée du Santos FC. En effet, après son match contre la sélection nationale du Gabon, le dimanche 3 juin, l’équipe brésilienne devait s’opposer, de l’autre côté du fleuve, à celle de la République démocratique du Congo le dimanche suivant, en passant par Brazzaville. Le public n’acceptait pas que Santos FC transita par la capitale congolaise sans y jouer.

Face à la grogne populaire latente, le président Massamba-Débat, malgré ses réticences, céda pour éviter une « vendetta ». C’est ainsi que Boniface Massengo, directeur général des Sports, se rendit à Libreville pour négocier une rencontre en semaine entre Congo-sport et l’équipe de Pelé, lors de son transit à Brazzaville Sous une pluie battante le match eut lieu au Stade de la Révolution (actuel Stade Massamba-Débat), en présence du chef de l’État, devant soixante mille spectateurs trempés jusqu’aux os. Ils étaient venus de Pointe-Noire, Dolisie et des différents quartiers de Brazzaville. Pour cette rencontre historique, le Congo aligna une équipe composée de : Matsima, Tchicaya, Niangou, Amoyen, Koko, Ongania, Bikouri, Dzabana, Mbono, Foundoux, Foutika (puis Boukaka) ; de son côté Santos FC fit appel à : Claudio (1), Joël (2), Geraldo (3), Lima (4), Zico (5), Orlando (6), Wilson (7), Clodoaldo (8), Toninho (9), Pelé (10), Abel (11), puis Pépé (18). Le numéro entre parenthèses indique le poste auquel joue son porteur (gardien de buts, défenseur, milieu de terrain, ou attaquant) suivant un code en usage pendant de longues années. Depuis quelques années, il n’y a plus de limite dans la numérotation au football. Le gardien, habituel porteur du numéro 1, n’hésite plus à adopter un autre chiffre, 30 par exemple. Le code a sauté.

Ce match exceptionnel du mercredi 7 juin 1967 fut dirigé par Angaud, Yocka et Nkounkou, parmi les plus brillants arbitres du football congolais. Au final, Santos FC remporta cette confrontation par un score de 3 à 2. Trois buts de Pelé pour l’équipe brésilienne ; un but de Mbono et un autre de Bikouri pour Congo- Sport. Au-delà du résultat, le dribble de Mulélé, célèbre numéro 10 congolais, qui fit tomber le roi Pelé, reste, sans conteste, le souvenir le plus important du public présent à cette époque au Stade de la Révolution. On en parle encore, plus de quarante ans après. Des journalistes brésiliens sont récemment venus à Brazzaville interviewer Mulélé à ce sujet.

Pour la petite histoire, il faut rappeler que Pelé est originaire de la région de Santos. Il connait une jeunesse difficile à Bauru, un village de l’État de Sao Paulo. Un jour, alors qu’il a onze ans, il est découvert par un footballeur retraité, Waldemir Brito. Pendant quatre ans, ce dernier l’encadre avant de le présenter aux dirigeants du Santos Football Club. « Ce garçon, leur dit-il, sera le plus grand joueur du monde ». Extraordinaire prémonition. En 1956, lors du premier match professionnel auquel il participe, Santos FC gagne par 7 à 1 dont quatre buts de Pelé. Au Brésil Edson Arantes do Nascimento est déjà une immense star qui déchaîne les foules, lorsque le monde découvre ce joueur exceptionnel en 1958, en Suède, lors de la Coupe du Monde. Il a alors 17 ans, mais est déjà pétri de talent. Démarrages fulgurants et inattendus, dribbles déroutants, tirs violents et précis, détente féline, extraordinaire vision du jeu, telle est la panoplie de ce joueur hors norme.

Sous sa férule le Brésil remporte trois fois la Coupe du Monde et s’empare définitivement de la coupe Jules Rimet, premier trophée mis en jeu par la Fifa, dans le cadre de la Coupe du Monde de football. Les Eusebio, Maradona, Zidane et autres néo-prodiges passeront. Pelé demeurera le roi. Irremplaçable.

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