Le chef de la junte au pouvoir a assuré que des pourparlers étaient en cours après les tirs de l’armée qui ont retenti à Ouagadougou ce matin.
La situation reste confuse au Burkina Faso suite à une mutinerie tôt ce vendredi matin (30.09). Des soldats cagoulés ont bloqué les axes stratégiques du pays, notamment la présidence, les locaux du premier Ministre et la télévision nationale. Vendredi soir, on ignorait toujours s’il s’agit d’une tentative de coup d’Etat.
Dans un communiqué, le chef de la junte au pouvoir, le colonel Damiba, a annoncé que des pourparlers sont en cours. Le porte-parole du gouvernement, Lionel Bilgo, parle pour sa part d’une « crise interne à l’armée ».
En attendant, la confusion régnait à Ouagadougou. La plupart des commerces sont fermés. Les grandes artères de la ville sont toujours bloquées.
Climat de peur
Difficile pour des Ouagalais de rejoindre le centre-ville : c’est le cas de Siénou Kadidia, habitante du quartier Ouaga 2.000, proche du camp militaire Baba Sy où les coups de feu ont été entendus. « On s’est réveillé dans un bruit et des gens qui parlaient de partout de coup d’Etat. Mais tout ce que nous on veut, c’est la paix au pays », explique-t-elle.
Un autre habitant raconte :« Ce matin je me suis levé pour aller suivre mes cours. Arrivée à l’échangeur de la patte d’oie, la route était barrée. Je suis retournée pour rentrer à la maison. On a vraiment peur actuellement. »
Le président Damiba a échoué, selon Karim Koné, membre de la société civile. Selon lui, « huit mois après, nous constatons que la situation sécuritaire ne s’est vraiment pas améliorée et je pense que c’est ce qui crée des frustrations au sein de la population et certains groupes militaires ont appelé à remplacer le pouvoir Damiba. »
De nombreux axes de Ouagadougou étaient bloqués ce vendredi par l’armée
« Qu’il démissionne »
Un autre Ougalais fait la même analyse en estimant que « tout le monde voit que durant tout ce temps qu’il (Paul-Henri Sandaogo Damiba) a passé au pouvoir, rien n’a changé. Qu’il signe sa démission et remette le pouvoir à quelqu’un d’autre et que celui-ci soit vraiment un patriote. Qu’il ne soit pas comme son prédécesseur. »
Cette possible tentative de coup d’Etat intervient alors que le chef des putschistes a séjourné à Djibo à la suite de la récente attaque d’un convoi de ravitaillement.
La conférence de presse de l’armée prévue ce vendredi a été reportée. Notons également que dans un communiqué signé de la présidence, le colonel Damiba a qualifié cette mutinerie de « mouvement d’humeur » de certains éléments des forces armées nationales.
Il a appelé les Burkinabè à observer la prudence et a annoncé que des pourparlers sont en cours pour rétablir le calme. On s’attendait à une nouvelle déclaration dans les prochaines heures.