À Berlin, Paris ou encore Prague et Varsovie, des milliers de manifestants ont protesté ce jeudi dans de nombreux pays contre l’invasion russe de l’Ukraine. Et en Russie même, des centaines de protestataires ont été arrêtés.
Ils étaient environ 2 800 à se rassembler ce jeudi soir place de la République à Paris pour protester contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie et fustiger le chef du Kremlin aux cris de « Poutine terroriste », « Poutine assassin ». « Des sanctions pour la Russie », « Armez l’Ukraine », ont-ils encore scandé. Nombre de manifestants portaient des drapeaux bleus et jaunes ukrainiens et certains tenaient un bouquet de mimosas à la main, a constaté l’Agence France-Presse.
Elena à 24 ans et cette jeune Franco-Allemande redoute de voir l’histoire se répéter : « Mon grand-père français et mon grand-père allemand ont beaucoup souffert de la Seconde Guerre mondiale. On ne peut pas avoir ça de nouveau. » […] Pour Vincent ce soir, impossible de rester seul pour combattre sa tristesse. « J’avais besoin d’être avec des personnes qui sont pour la paix tout simplement. «
Dans la foule, des personnes de différentes nationalités, toutes réunies autour d’un même désir de paix
Lucie Bouteloup
Plusieurs personnalités politiques s’étaient jointes à eux. Parmi elles, le candidat des Verts à l’élection présidentielle Yannick Jadot a appelé les Européens « à saisir les avoirs et les comptes en banque des oligarques russes ». « Nous devons répondre aux demandes du gouvernement et du peuple ukrainien de les armer et les défendre », a-t-il poursuivi. Christiane Taubira, également candidate à gauche, a elle aussi fait une brève apparition, alors que de nombreux membres de la société civile, dont beaucoup originaires d’Europe de l’Est, se sont succédé au micro. « Je suis né à Moscou, mais aujourd’hui j’ai passé une partie de la matinée à évacuer une partie de ma famille qui est sous les bombes russes en Ukraine », s’est indigné Alexis Prokoviev, porte-parole de l’ONG Russie liberté.
À la mi-journée, des centaines de personnes s’étaient déjà rassemblées devant l’ambassade de Russie à Paris. Des rassemblements se sont également tenus dans les grandes villes françaises. À Marseille (Sud), ville jumelée avec Odessa en Ukraine, une cinquantaine d’Ukrainiens et quelques élus ont dénoncé l’invasion russe.
Ils étaient 150 à Rennes (Ouest), alors qu’une centaine de personnes ont aussi manifesté à Strasbourg derrière une grande banderole « We stand with Ukraine » (Nous sommes avec l’Ukraine). Dans cette ville de l’est de la France, trois bâtiments dont l’hôtel de ville seront illuminés aux couleurs de l’Ukraine « pour témoigner de sa solidarité avec le peuple ukrainien ». Le drapeau ukrainien flottera sur l’hôtel de ville de Lyon jeudi soir. A Nantes, la fontaine de la Place Royale, lieu de célébrations, sera illuminée aux couleurs de l’Ukraine jusqu’à la fin de la semaine.
Un drapeau russe brûlé à Varsovie
En Allemagne, des manifestants se sont aussi rassemblés devant l’ambassade russe à Berlin, appelant à la fin de la guerre en Ukraine. Des Ukrainiens participaient à un autre rassemblement, au pied de la mythique Porte de Brandebourg.
En Géorgie, théâtre d’une intervention russe en 2008, des milliers de personnes ont manifesté dans les principales villes. À Prague, où les chars russes étaient intervenus en 1968, plusieurs milliers de personnes ont manifesté sur la place Wenceslas, puis se sont dirigées vers l’ambassade de Russie, en portant une grande caricature d’Hitler et de Poutine. Devant l’imposant bâtiment de la mission diplomatique russe, les manifestants ont scandé « Faites vos valises » et « Gloire à l’Ukraine, gloire aux héros ».
À Vilnius, où se trouve notre correspondante Marielle Vitureau, les Lituaniens sont descendus en masse dans la rue pour crier leur soutien à l’Ukraine. Jamais la capitale et notamment la place Boris Nemcov, en face de l’ambassade de Russie, n’avait vu autant de monde et n’avait entendu de slogans si adverses. « Gloire à l’Ukraine ! » ont scandé à plusieurs reprises les quelque 15 000 manifestants. Tadas, engagé en politique, est l’un d’entre eux. « Ce n’est pas uniquement la Lituanie, mais toute l’Europe de l’Est qu’il faut protéger de l’agression russe, c’est pour cela que nous sommes si unis ici. »
Max venu de Russie habite depuis un an à Vilnius, il brandit une grande pancarte : « non à la guerre ». « Cette guerre nous choque profondément, nous sommes vraiment désemparés. Tant que Poutine sera au pouvoir les solutions diplomatiques seront sans résultat. »
La Géorgie en 2008, puis la Crimée en 2014… Pour Stasé, tout cela a malheureusement un air de déjà-vu. « L’histoire se répète, pourquoi n’avons-nous pas réalisé alors et asséné un coup final ? » Les Lituaniens veulent désormais une riposte et des sanctions exemplaires pour que l’agression s’arrête aussi vite qu’elle a commencé.
À Varsovie, pays limitrophe de l’Ukraine, un drapeau russe a été brûlé par un manifestant devant l’ambassade russe.
Des rassemblements ont été en parallèle organisés à Beyrouth et Tokyo. À Dublin, La Haye et Amsterdam, des centaines de personnes ont elles aussi participé à des rassemblements jeudi devant les représentations russes. À Istanbul, une quarantaine de personnes se sont réunies jeudi matin devant le consulat de Russie pour entonner l’hymne ukrainien et brandir des portraits du président russe, le visage couvert de sang. La diaspora ukrainienne a également appelé à un rassemblement à Berne auquel ont participé plusieurs centaines de personnes sous le slogan « Stop à la guerre de Poutine ».
(Avec AFP)