Les rebelles de la région du Tigré et le gouvernement éthiopien ont repris mercredi leurs pourparlers en Afrique du Sud pour « trouver une solution pacifique et durable » au conflit qui ravage le nord de l’Ethiopie depuis près de deux ans.
Ces échanges, sous l’égide de l’Union africaine (UA), ont débuté mardi à Pretoria, selon la présidence sud-africaine, précisant qu’ils devaient se poursuivre jusqu’à dimanche.
Mercredi matin, plusieurs participants, dont l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo et l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, ont été vus par des journalistes de l’AFP entrant au ministère des Affaires étrangères pour la reprise des pourparlers.
Aucune information n’a été publiée sur le contenu des pourparlers et les médias sont tenus à distance.
Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, avait salué mardi ces efforts pour « faire taire les armes vers une Ethiopie unie, stable, pacifique et résiliente ».
Les rebelles tigréens et l’armée fédérale – soutenue par les forces des régions éthiopiennes voisines et l’armée érythréenne, frontalière du Tigré – se battent depuis novembre 2020 dans un conflit meurtrier qui a plongé le nord de l’Éthiopie dans une grave crise humanitaire.
Après une trêve de cinq mois, les combats ont repris en août. Les forces éthiopiennes et érythréennes ont récemment annoncé qu’elles s’étaient emparées de plusieurs villes, dont Shire, l’une des principales du Tigré.
L’ONU est alarmée par le regain de violence, qui bloque l’acheminement de l’aide à cette région de six millions d’habitants. Son Haut Commissaire pour les réfugiés, Filippo Grandi, a exhorté mardi les parties belligérantes, « pour le bien de votre propre peuple », à ouvrir une « voie vers la paix.
Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé les parties à « s’engager sérieusement dans ces discussions pour parvenir à une résolution durable du conflit. Washington a déclaré que son envoyé Mike Hammer y participait.
– Conflit à huis clos –
La réunion de Pretoria est le premier dialogue public entre les deux parties. Selon un responsable occidental, des contacts secrets antérieurs – organisés par les États-Unis – ont eu lieu aux Seychelles et deux fois à Djibouti.
En plus d’Obasanjo, qui représente l’UA dans la Corne de l’Afrique, et Kenyatta, l’équipe de médiation comprend également l’ancien vice-président sud-africain Phumzile Mlambo-Ngcuka.
La semaine dernière, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a déclaré que la guerre « prendrait fin et que la paix prévaudrait », sans mentionner les négociations, tandis que les forces pro-gouvernementales ont récemment intensifié leur offensive au Tigré.
Un porte-parole des rebelles a réitéré leurs demandes sur Twitter dimanche soir: « cessation immédiate des hostilités, accès humanitaire sans entrave et retrait des forces érythréennes ».
Leur chef Debretsion Gebremichael a adopté un ton plus martial lundi, assurant que « les forces ennemies conjointes qui sont entrées dans le Tigré (seraient) enterrées.
La guerre a commencé en novembre 2020 lorsque M. Abiy a envoyé l’armée au Tigré pour déloger les autorités régionales du Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui a contesté son autorité et qu’il a accusé d’attaquer des bases militaires.
Le TPLF a dominé la coalition au pouvoir en Éthiopie pendant des décennies avant que M. Abiy n’arrive au pouvoir en 2018 et les mette à l’écart.
Le bilan du conflit, qui se déroule en grande partie à huis clos, est inconnu. La presse n’a pas accès au nord de l’Éthiopie et les communications y fonctionnent au hasard, ce qui rend impossible toute vérification indépendante de l’information.
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a estimé vendredi qu’en deux ans « jusqu’à un demi-million de personnes sont mortes.
La guerre a également déplacé plus de deux millions d’Éthiopiens et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions de quasi-famine, selon l’ONU.
Le conflit a été marqué par des accusations d’abus contre les civils par les deux parties. Amnistie