Dans un contexte de crise économique et de crise sanitaire, l’industrie du sexe est le seul secteur de l’économie informelle qui n’est pas prêt de déposer le bilan. Le plus vieux métier du monde semble avoir encore de beaux jours devant lui à Brazzaville, la capitale politique, et à Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Le vent en poupe, ces acteurs, de jour comme de nuit, de manière officielle ou officieuse, à des prix compétitifs, écument les rues et avenues à la recherche de rentabilité ou d’un statut social.
La prostitution, érigée au rang d’une quelconque activité génératrice de revenus, qui à tout égard, malgré les bourrasques économiques, se porte comme un charme au Congo.
Brazzaville et Pointe-Noire sont sans doute les capitales de la prostitution, les îles de la tentation.
Femmes comme hommes s’y adonnent à cœur joie. La nuit arrivée, les péripatéticiennes courent les rues au bonheur des amoureux de relations libres, rapides, et sans encombrements.
L’enquête effectuée révèle l’existence d’un fléau national qui prend des proportions diverses, au point où les personnes qui y prennent part, ont l’impression que celui-ci fait partie intégrante de leur vie.
Pauvreté ou simple vocation, les conséquences de cette dérive morale sont perceptibles dans la structure familiale tout comme en milieu professionnel.
Véritable phénomène national, la prostitution n’épargne personne, femmes mariées, hommes, élèves, employés, tout le monde y passe. L’activité sexuelle rémunérée y est pratiquée à ciel ouvert.
Une situation qui au-delà des apparences crée un climat de suspicion permanent dans les foyers, les couples, du fait très souvent de la légèreté des mœurs.
Il faut de tout pour faire un monde, dit-on. Le vieux métier du monde illustre bien cette assertion. Si dans une approche fonctionnaliste on comprend bien que la société est un tout complexe, le souci des bonnes mœurs quant à lui ne préoccupe pas grand monde.
« Le monde s’effondre » aurait dit Chinua Achebe. Oui, sans vouloir jouer les mollahs de la « police des mœurs », il y a lieu de reconnaître que s’y l’on n’y prend garde et si rien n’est fait pour réprimer ces pratiques, la société congolaise toute entière se contentera du fait accompli, face auquel plus personne ne pourra rien, le vice étant devenu un fait de société à considérer comme tel.
Dans un pays où la pauvreté épouse désormais un visage féminin, les jeunes filles acteraient-elles l’assertion d’Honoré de Balzac, que « toute femme a sa fortune entre ses deux jambes » ?
Hélas, une « fortune dévoyée », qui plutôt que de l’enrichir, s’en va appauvrir le socle même de la société toute entière, si rien n’est fait pour refréner ces ardeurs libertines de plus en plus portées par une jeunesse qui est pourtant vue comme l’avenir de la Nation congolaise.
Par lesechos-congobrazza.com