OPINION

Le Congo, otage des faux diplômés

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Il est facile de se procurer un vrai-faux diplôme au Congo et même des vrai-fausses pièces administratives au Congo Brazzaville.

Des diplômés qui n’ont pas les compétences requises sont fabriqués en nombre dans les écoles, instituts et même dans l’université de notre pays. Des laborantins qui n’ont jamais manipulé un produit chimique, des informaticiens qui n’ont jamais manipulé un ordinateur, Et même des simples infirmiers qui exercent comme médecin.

Les spécialistes conviennent que les effets de la corruption sont dévastateurs et touchent tous les aspects de la vie sociale, économique et politique de notre pays.

La corruption mine la démocratie, détruit l’Etat de Droit et nuit au développement social, politique et économique de notre pays. L’état de notre système judiciaire figure parmi les facteurs qui contribuent à la corruption. La cupidité est une autre source de corruption. On l’observe chez les gens qui veulent vivre au dessus de leurs moyens, le phénomène de la Sape dont les congolais sont fiers produit la corruption car comment comprendre qu’un gueux ou un fonctionnaire puisse acquérir des vêtements dont les prix dépassent de loin son revenu annuel. Des vrai-faux riches en somme. On croise beaucoup de ces personnes au Congo Brazzaville.

En limitant les ressources distribuées à la population, la corruption affaiblit les services publics et les infrastructures. Elle entraîne donc une pauvreté conséquente, des inégalités sociales et détourne le processus démocratique, tout en limitant la croissance économique.

Les conséquences de la corruption sont innombrables et les congolais les vivent tous les jours sans jamais se plaindre. En cas d’exercice d’une profession réglementée, le faussaire ou le corrompu peut être condamné par les tribunaux pour « faux et usages de faux ». Des cas de faux médecins, de faux conducteurs, de faux pharmaciens, de faux anesthésistes ou de faux magistrats sont légion dans notre pays, tout le monde les connait.

Enquête à l’ENAM dans la filière de la Magistrature


Dans notre pays et aussi ailleurs, la corruption dans le secteur de l’éducation menace la qualité de nos ressources humaines et compromet irrémédiablement l’avenir de notre pays. Cette corruption insidieuse doit être dénoncée et combattue avec la dernière énergie.

L’achat de diplômes, les promotions canapé et même les nominations familiales ou ethniques sont devenues monnaie courante au Congo Brazzaville. Notre pays est durement impacté par ces pratiques à tel point que maintenant ces dérives sont commanditées par les plus hautes autorités du pays. Les scandales se suivent et se ressemblent, l’administration congolaise est gangrenée par les faux diplômes et par les « yaka noki-noki », (ces personnes qu’on fait venir illico presto du village pour occuper un poste). Dernièrement le nouveau Directeur Général du plus grand hôpital de notre pays le CHU-B s’est débarrassé d’un nombre important de faux diplômés qui travaillaient tranquillement depuis des années dans sa structure.

Au moins 5 élèves de la filière Magistrature de l’année dernière sont des fonctionnaires du ministère de la Justice alors que tous les élèves doivent être des externes à cette administration. Certains élèves ont fraudés dans la matière de Déontologie dispensée par le juge à la cours suprême monsieur Batchi.
La direction de l’ENAM (Ecole National de la Magistrature) avait donc décidé d’annuler toutes les épreuves de la première session à cause de la fraude. Les fraudeurs ont néanmoins été retenus à la deuxième session et parmi eux il y avait le tristement célèbre cancre de la Cuvette Ouest qui sait à peine écrire son nom et dont on ne sait par quel miracle il est arrivé jusqu’en deuxième année de Master (au Congo, les régions de la Cuvette et de la Cuvette Ouest produisent mystérieusement le plus grand nombre de hauts cadres et surtout de généraux de l’armée).

A la fin des épreuves de la deuxième session, trois d’entre-eux dont notre cancre de la cuvette qui va occuper des hautes fonctions dans les prochains jours, se retrouvent avec des copies identiques. Un cas de tricherie grossier. Rappelons ici qu’il s’agissait du devoir de Droit Pénal spécial qui est dispensé par l’ancien Procureur Général Corneille Moukala-Moukoko.

A la correction des copies ce haut Magistrat constate la fraude et leur attribut la note de zéro à tous les trois. Normalement nos fraudeurs n’avaient plus le droit de reprendre cette matière puisque la note de zéro est éliminatoire. Or il semblerait que les autorités de l’ENAM veulent que Corneille Moukala-Moukoko fasse passer les épreuves orales aux trois fraudeurs, car il faut à tous prix qu’ils obtiennent leurs diplômes.

Pour ceux qui ne se souvienne plus de ce haut Magistrat intègre et honnête, il s’agit de l’ancien Procureur Général Corneille Moukala-Moukoko qui avait acquitté le Colonel Marcel Ntsourou dans le procès des explosions des armes et munitions de guerre dans le camp militaire du quartier Mpila le 4 mars 2012 à Brazzaville. en dépit des pressions multiformes du pouvoir de Brazzaville.
Malgré les pressions… Et la suite est connue. Leur radiation pure et simple de la magistrature avec son collègue Bayi Mathurin le premier Président de la cour d’appel de Brazzaville qui avait suivi les réquisitions du Procureur et acquitté ledit colonel et bien d’autres accusés reconnus non coupables de ce qui leur était reproché.

A quoi sert l’université au Congo Brazzaville ? Telle est la question qu’on doit se poser. Ces autorités qui sélectionnent ou recrutent avec leurs critères propres n’ont qu’à supprimer toutes les formes d’évaluation et officialiser la réussite systématique de tous les élèves, et de leurs parents.

L’université, c’est l’Alma Mater de tout pays. Au Congo Brazzaville le Recteur de l’Université est un membre du Comité Central du parti-Etat le Parti Congolais du Travail.
Pourquoi la corruption est un problème

D’une manière plus générale, la corruption endémique peut fissurer les fondements d’une économie saine en dépréciant les normes sociales et en sapant les vertus civiques. Quand les riches ne paient pas leurs impôts, c’est l’ensemble du système qui perd en légitimité. Lorsque la tricherie est récompensée, lorsqu’il apparaît que les règles du jeu ne sont pas les mêmes pour les nantis, la confiance cède le pas au cynisme et la cohésion sociale se fragmente. Au pire, cela peut déboucher sur des dissensions et des conflits civils. En un mot comme en dix, la corruption mène toujours les pays vers les violences, vers les guerres civiles.

C’est un phénomène particulièrement délétère pour la jeunesse. Quand la corruption est profondément enracinée, trop de jeunes n’entrevoient aucune perspective d’avenir, aucun but auquel aspirer; impossible de participer à la vie sociale, de lui imprimer leur marque, de s’y épanouir ou d’y apporter leur contribution. Ils perdent toute motivation à faire des études, puisqu’ils savent que la réussite dépend des relations et non des capacités. Abandonnant leurs illusions, ils deviennent désengagés, désenchantés. Ils perdent espoir. La corruption empoisonne les âmes.

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