OPINION

Le Congo, un pays où tout se meurt

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Il est des jours comme ça où levé du bon pied dans une nature souriante qui s’égaye des divers cris d’oiseaux, la mansuétude vous prend et vous voulez du bien à tout le monde. Cela commence par le mendiant du coin auquel vous filez un ticket restaurant et dont les yeux s’illuminent de bonheur. Ainsi parti, pourquoi voulez-vous que je ne pense pas à mon pays qui a tout d’une promesse de bonheur et qui malheureusement piétine sur place.

Sa réalité figée comme une carte postale délavée renvoie la même grisaille sociale. Tous les maux se sont enkystés comme des verrues qui naturellement enlaidissent son visage.

Courant intermittent et faible, eau courante irrégulière et d’hygiène douteuse du fait des canalisations perforées, des routes pas nombreuses et étroites qui gagneraient à être recyclées en sens unique mais qui font se croiser des gros bahuts.

Si ce n’était que cela, on dirait, passe. Mais le comble c’est l’essentiel, des routes au bitume qui recule sous la poussée des nids de poule avec des cratères béants qui éprouvent les voitures. La voirie qui n’est plus municipale depuis des lustres est inexistante et la société privée qui s’est substituée à elle très irrégulièrement payée, oppose la parcimonie à la volonté.

Ce n’est pas faute d’avoir un maire et un ministre de la question qui est certainement un grand bosseur tout entier dévolu à autre chose qu’à son job.

S’en prendre à lui serait bien injuste car il en va de lui comme de la plupart de ses collègues qui à la descente, tapis dans les Mercedes, passent avec des mines sérieuses de composition. J’ai pour être juste beaucoup de tendresse pour le ministère du Tourisme où les femmes se succèdent sans le moindre frémissement qui évoque une activité.

C’est au demeurant dans cette insolence que les pouvoirs publics se meuvent. Pourtant, les ministres sont tous des cracks, ils vont allègrement vers les 15 ans de gouvernement sans résultat. Pourtant ils sont sereins parce que le pouvoir auquel ils appartiennent s’est juré de ne jamais perdre la chose.

A la télé, Leo Ferré en clignant indéfiniment les yeux chante « Avec le temps, va, tout s’en va » et la mélancolie qui en découle solde m’a bonne humeur. Tout cela parce que j’ai considéré le Congo, un pays où tout se meurt et que l’espoir oiseau s’en est allé, laissant place à un requiem.

Que Dieu bénisse le Congo,

Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen – Mbuétété

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