Comme pour forcer la main au comité d’investiture du parti dominant, prévu en mars prochain, tous les coups sont permis, y compris les opérations de marketing et de forcing politique qui puent abondamment la défiance. Cette bataille aux enjeux conflictuels pourrait faire des victimes de taille.
Avant même que le comité d’investiture du PCT au pouvoir ait déjà siégé, la liste des candidats autoproclamés aux législatives 22 fait couler beaucoup d’encre et de salive. Dans un audio devenu viral dans les réseaux sociaux, un membre du bureau politique du pct, dont la voix a été authentifiée comme celle de Thierry Moungalla, candidat probable aux législatives à Sibiti, parle de « …bonnes nouvelles…et fruit mûr qui ne reste plus qu’à être cueilli « . Détail croustillant, qui en dit long sur le théâtre d’ombres qui se joue dans le comité d’investiture du PCT.
Sa camarade du parti, Esther Gayama, puissante dame du bureau politique, n’est pas en reste. Elle n’a pas attendu le feu vert du comité d’investiture de son parti pour se présenter, les mains pleines de cadeaux, aux populations de l’Île Mbamou. Jamais deux sans trois.Le communicateur du parti, Parfait Iloki n’y va pas, lui aussi, de main morte ni du dos de la cuillère pour s’auto-investir comme candidat à la députation dans une circonscription de Djiri, une banlieue de Brazzaville nord. Son incursion dans une zone réservée suscite déjà des réactions qui laissent à penser que ce sera la nuit de longs couteaux dans certaines circonscriptions électorales où des candidats non attendus et imposés par le parti pourraient voir ce que « le chat avait vu à la rue Mbochi », comme le dit souvent la rue congolaise pour exprimer la difficulté à venir.
S’il est évident que Ninon Gouamba, par ses nombreuses opérations régulières de charme à l’endroit de ses mandants, est nanti d’un titre foncier pour rempiler comme député de sa circonscription, l’on peut cependant s’étonner qu’il n’ait pas attendu le ok de son parti pour jouer au conquistador. Léonidas Mottom, apeuré par les bruits de la rue de Ouesso, a dû faire un comeback dans sa circonscription pour rallumer rapidement la flamme vacillante du bois de la Sangha.D’autres candidats connus et inconnus jouent déjà au fou du roi pour s’auto-investir : Bersol Exaucé Ngambili Ibam, Alain Rodriguez Yilali,…
À cette pagaille couplée à la bravade, le secrétaire général du pct, Pierre Moussa, qui semble avoir mis de l’ordre à Owando, où probablement l’on devrait avoir les mêmes députés (Owassa et Ondongo) , mais condescend à recadrer les autres. Enfin, dans un parti, en proie à des luttes schismatiques, écartelées en pro « Moussaïstes », « Bouyayistes », « Ngolistes », « Denischristelistes », « Mvoubaïstes », « Collinetistes », chaque candidat sait où il tire sa légitimité. Peut- être, ceci explique donc cela.
Alphonse Ndongo