Selon l’organisation mondiale de la santé, les routes africaines sont les plus meurtrières du monde. Une étude de la banque mondiale complète ce tableau apocalyptique en concluant que les accidents coûtent entre 2 et 5% du PIB de chaque pays africain.
Au Congo, une jungle dans laquelle le port de la ceinture de sécurité et le taux d’alcoolémie ne sont presque jamais vérifiés sur le terrain, les accidents sont banalisés au même titre que la vie humaine. Pour preuve, à chaque accident, aucune assistance n’est portée aux blessés, les populations préférant jouer les paparazzis et se ruer sur les réseaux sociaux pour être les premiers à annoncer et à publier des images.
En matière de sécurité routière, le Congo reste un très mauvais élève. Malgré la recrudescence d’accidents entrainant un nombre impressionnant de morts, d’handicapés à vie et de dégâts matériels colossaux, les conducteurs et conductrices qui sont trop distraits, trop pressés, trop laxistes, trop inconscients des questions concernant la fatigue, la somnolence et la prise de médicaments avant la conduite, continuent à penser que la sorcellerie et les sacrifices humains demeurent la première cause de mortalité sur la route.
Aussi, à l’image de la note prise par le Ministre Honoré Sayi au lendemain du dernier accident de l’autocar « Océan du Nord » et l’inspection risible initiée avec impétuosité au sein de la même société, nos gouvernants se contentent de petites astreintes, le temps d’évacuer des drames qui n’émeuvent que le temps de l’inhumation des victimes.
Il est temps que les représentants de l’Etat congolais, qui manquent cruellement de courage en la matière, mettent en place des mesures plus sévères, afin que soient respectées les normes de sécurité routière et que le secours aux victimes et leur acheminement vers les centres de soin soit une obligation et non une option.
La première décision que devrait prendre l’Etat congolais est la création des escadrons départementaux de gendarmerie en charge de la sécurité routière, qui auraient pour mission d’effectuer des patrouilles régulières sur nos routes en vue d’assurer la protection des usagers et le respect des normes de sécurité routière.
Quelles seraient les missions de ces escadrons :
- Faire respecter les limitations de vitesse : La vitesse excessive est l’une des principales causes d’accidents de la route au Congo. Il est donc essentiel de faire respecter les limites de vitesse et d’adapter les conditions de circulation aux conditions météorologiques.
- Gérer les panneaux lumineux de signalisation sur les routes nationales : Ces panneaux devraient être placés sur les routes nationales pour aider à communiquer avec les conducteurs (cas de fortes pluies, fermeture de la route, accident à une distance, vitesse excessive, véhicule en panne, …). Les panneaux solaires peuvent aider à faire fonctionner un tel dispositif.
- Traquer les délinquants de la route : Les distractions au volant, comme utiliser son téléphone portable ou manger peuvent réduire la capacité de réaction des conducteurs. La peur du gendarme et de très fortes amandes permettront à la majorité de rester concentrés.
- Vérifier l’état des véhicules en circulation : C’est le rôle de l’Etat de veiller à ce que tous les véhicules en circulation soient en bon état et assurés. Il est ici question de vérifier régulièrement les freins, les pneus, les lumières et les documents de chaque véhicule en circulation.
- Dégager la route et faire intervenir les secours : Cela devient insupportable de voir des blessés se tortiller sur la chaussé après chaque accident. Le directeur général de la sécurité civile, le général de police Albert Ngoto devrait penser à réorganiser sa structure afin qu’elle joue un rôle national, au lieu de se contenter des villes de Pointe-Noire et Brazzaville.
Nous sommes bien évidemment conscients que cette réflexion ne serait pertinente que si l’entretien des routes est assurée avec sérieux et de façon permanente. C’est une condition essentielle.
Dans notre pays où chaque citoyen essaie de réinterpréter la loi en sa faveur, les connaissances du Code de la route ne suffisent plus pour empêcher certains conducteurs de devenir rapidement des dangers pour d’autres usagers de la route.
Il est donc du devoir de l’Etat congolais de renforcer de façon drastique l’arsenal en matière de législation routière afin de favoriser une conduite sécuritaire en toutes circonstances.
L’intérêt général, c’est aussi garantir la sécurité routière et permettre aux citoyens de circuler librement sur l’ensemble du territoire national comme le veut l’article 22 de la constitution de 2015.
Que Dieu délivre le Congo.
Laurent DZABA
Président du Mouvement Panafricain et Citoyen